Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2017-02-22T18:05:13+01:00daily12017-02-22T18:05:13+01:00Des élèves, ou des êtres humains ? - Julos
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13352
2017-02-22T18:05:13+01:00JulosJe n'ai jamais cédé aux demandes de la hiérarchie, ou de collègues, pour devenir directeur d'école. Pourtant, j'ai accepté une fois de représenter mon école à une réunion de directeurs/trices, la collègue chargée de direction étant indisponible. L'ordre du jour était consacré à la...Je n'ai jamais cédé aux demandes de la hiérarchie, ou de collègues, pour devenir directeur d'école. Pourtant, j'ai accepté une fois de représenter mon école à une réunion de directeurs/trices, la collègue chargée de direction étant indisponible. L'ordre du jour était consacré à la mise en place des cycles prévue dans la loi d'orientation de Jospin.
J'ai encore dans l'oreille les cris d'orfraie des directeurs et directrices des écoles élémentaires (moins de la part des maternelles) : "on n'est pas formé ! ; "si on ne peut plus faire redoubler comment va-t-on gérer ceux qui n'ont pas le niveau ?" ; "bonjour les passages en 6e à l'ancienneté !" etc, etc...
Après un tel "engouement" on nous explique que "la faute à qui" c'est toutes ces méthodes nouvelles imposées depuis 30 ans !!!
ouarf ouarf !
:-(]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Laurent CARLE
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2017-02-22T14:26:08+01:00Laurent CARLELes hauts fonctionnaires ne mettent pas les pieds dans les écoles, les chercheurs ne font qu’y passer, comme les corps d’inspections. Comment sauraient-ils ce qui se passe dans les classes ? Plus que quiconque parmi ceux qui n’y font pas la classe, j’y ai passé beaucoup de temps à...Les hauts fonctionnaires ne mettent pas les pieds dans les écoles, les chercheurs ne font qu’y passer, comme les corps d’inspections. Comment sauraient-ils ce qui se passe dans les classes ? Plus que quiconque parmi ceux qui n’y font pas la classe, j’y ai passé beaucoup de temps à écouter et regarder les maitresses et maitres parler aux enfants, à noter le ton employé, à enregistrer les sautes d’humeur, à observer la nature de la relation maitre-élèves, à chronométrer le temps de parole de l’adulte pour le comparer à celui donné aux enfants, puis remettre un compte-rendu écrit, le plus objectif possible, à la maitresse et, enfin, envisager ensemble les changements qu’il serait pertinent d’introduire pour emmener toute la classe au terme des apprentissages au programme. Ce fut peu efficient, peu satisfaisant, ni répondant aux intérêts de l’enfance. On ne change pas les rites comme les chemises. L’école est un temple où la liturgie décide. Voilà un peu plus de quinze ans que, retraité, je n’y mets plus les pieds, du moins à titre professionnel. Aux échos que j’en ai, aux récits qu’on m’en fait, aux commentaires professionnels que je lis sur les blogs dits pédagogiques, aux indignations antipédagogiques des gardiens du temple et conservateurs, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait changer, ni la relation, ni les méthodes, ni les règles de « vie », ni le statut du maitre, ni celui de l’élève puisqu’il n’en a point, moins encore celui d’humain respectable et citoyen que Haim Ginott implorait que l’on construisit. C’est la France et les serviteurs zélés de ses classes moyennes, entièrement dévoués à la bourgeoisie régnante.
Outre le plaisir de lire, de travailler avec des enfants ou des ados, de chercher, d’enseigner, de s’étonner, ce qui manque aux enseignants français (ici, j’emprunte ce mot pour désigner en général tous les emplois et métiers exercés dans l’école et au-dessus), c’est la générosité sociale, l’indignation devant les injustices subies par les plus faibles, le désir d’une autre école et la créativité, le courage de l’inconnu. En somme, l’enseignant français est un casanier routinier qui redoute le changement et l’aventure mais absorbe et digère tous les préjugés, idées reçues et aprioris qui circulent dans les salles de café sans comptoir. Il a choisi le métier pour sa tranquillité et son confort intellectuel, souvent par défaut. Lourde erreur ! Il n’y a pas pire souffrance que de vivre tous les jours avec des jeunes humains incompréhensibles et déroutants « qui ne comprennent rien » et rechignent à apprendre leurs leçons. Bon gré, mal gré, il faut faire le gendarme. On n’y retrouve pas les satisfactions et bonheurs vécus pendant sa scolarité de premier de classe, bien à l’abri des reproches et représailles qui tombaient sur les derniers du peloton. Enseigner à la française est un des rares métiers que l’on peut exercer avec diplôme mais sans formation puisque tout le monde l’apprend pendant ses années de scolarité. Il suffit de connaitre le programme et de respecter les us et coutumes de la profession.
L’école primaire a été créée dans les premières décennies du XIXe siècle par la bourgeoisie industrielle pour transformer en esclaves francophones, sur le carreau des mines et ateliers, les petits paysans locaux parlant « patois ». Pour qui se veut fidèle à la tradition scolaire, il n’y a qu’un seul choix, exigence de « travail » et moralisation des apprentissages. Toute démonstration de bienveillance ou d’indulgence pour le mauvais élève serait impensable. Que dire du respect ?
Dans un passé proche, en 1989, date symbolique, un ministre révolutionnaire, Lionel Jospin, conseillé par un vrai pédagogue, Philippe Meirieu, a tenté d’en faire un vrai métier éducatif et pédagogique, apte à faire des citoyens démocrates pour la république, non aux ordres de la bourgeoisie des banques, en donnant un vrai statut aux écoliers avec sa loi d’orientation, à savoir le droit à l’erreur qui garantit le droit d’apprendre dans l’action et par l’action. Raté ! L’élève, enfin apprenant, serait devenu acteur et partenaire de son développement, de ses apprentissages et de son orientation. Pour la réussite du projet il eut fallu redéfinir ce que serait un enseignant pédagogue et revoir les critères de recrutement. Personne n’est pédagogue par entrée diplômée dans le système, encore moins par naissance, on le devient par formation en psychologie et pédagogie. Ce ne fut pas fait. Les forces conservatrices se sont liguées contre la « réforme ». Beaucoup de directeurs d’école, qui avaient lu le texte par conscience professionnelle ou par obligation de fonction, n’ont pas compris ce qu’entendait le ministre par « placer l’enfant au cœur du système éducatif ». Nombre d’IEN, institutionnellement timides et prudents, se sont gardés de leur préciser cette idée centrale de la loi, d’autant qu’elle supprimait l’évaluation par notes et le redoublement, deux pratiques bien françaises de tri sélectif qui desservent l’enfance mais confortent le pouvoir du maitre, et, par rebond, celui de l’IEN, en quête d’innocence face à « l’échec ». Ils n’ont pas insisté non plus sur la mise en place du dispositif qui aurait mis les maitres au service de leurs élèves en suivant une cohorte sur les trois années d’un cycle ou en dirigeant des classes composées des trois âges d’un cycle ou, par défaut, en s’associant à trois dans un conseil de cycle réunissant en équipe les maitres successifs d’une cohorte pour garantir une réelle continuité pédagogique coopérative. Cette réforme révolutionnaire, « tout le pouvoir aux soviets scolaires », creuset de démocratie, a glissé sur les épaules des maitres du moment, qui n’avaient pas lu le texte de loi, comme l’eau sur les plumes du canard. On ne l’a pas vue passer. La tradition scolaire a survécu sans dommages, même collatéraux, à ce tremblement de terre scolaire sociocognitif. Les maitresses ont continué à servir les marchands qui font commerce de « méthodes » en boutique ou de « soins » en officine. Pourtant, 30 ans plus tard, les ténors de la propagande antipédagogique vitupèrent encore contre une pédagogie qui n’a jamais passé le portail de l’école, comme si la réforme était entrée dans les faits et dans les mœurs par les fenêtres. Ils craignent sans doute que leurs ouailles fidèles et pieuses ne les lâchent après s’être converties à l’athéisme idéologique. Ce serait catastrophique pour leurs progénitures désormais confrontées aux enfants du peuple, à armes égales. A cause d’un programme trop chargé, celles qui n’ont pas le temps de prêter l’oreille aux élèves « en retard » écoutent en bonnes chrétiennes les prédicateurs de l’école d’antan et les savants de la psychologie du neurone, chantres zélés de la « lecture » au bruit.
C’est pourquoi, au XXIe siècle, les classes ne sont pas encore des lieux où les enfants font leurs apprentissages, sans répit repoussés aux heures postscolaires. L’école est toujours la Maison des enseignants, les élèves n’y sont que des otages de passage, incités à faire la preuve d’une présence méritée, réunis en un groupe anonyme et passif, majorité souhaitée silencieuse. On y enseigne, les maitres parlent, les enfants écoutent, mais n’apprennent pas. Seule la maitresse souveraine fait la leçon, parle, interroge, appelle, questionne, vérifie, corrige, déambule, agit et a le droit de se tromper. On n’entend qu’elle. L’erreur, cette étape essentielle de la recherche par tâtonnement, sans laquelle il n’est pas d’apprentissage et de savoir, est requalifiée « faute », sanctionnée par une « mauvaise note » conformément à la tradition scolaire. C’est le prix et la garantie de la majesté magistrale, omnipotente et omnisciente, couronnée, comme monarque, des trois pouvoirs. Allez faire des citoyens Egalité Fraternité !
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Pierre Frackowiak
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13350
2017-02-18T11:41:36+01:00Pierre FrackowiakLes estimations de Laurent, les nombres cités par David, méritent un regard approfondi sur la réalité des pratiques pédagogiques, des rapports maître / élève, des activités d’apprentissage… Laurent a raison et David en a déjà témoigné : le pourcentage de pratiques innovantes dans...Les estimations de Laurent, les nombres cités par David, méritent un regard approfondi sur la réalité des pratiques pédagogiques, des rapports maître / élève, des activités d’apprentissage… Laurent a raison et David en a déjà témoigné : le pourcentage de pratiques innovantes dans toutes les disciplines n’est guère supérieur à 10%. Il a même eu tendance à décroître depuis 2005 et sans discontinuité malgré l’alternance. Mais ce nombre ne peut être qu’une estimation, sur la base de réflexions d’observateurs engagés et lucides. Claude Thélot, grand spécialiste de l’évaluation, a souvent rappelé honnêtement que « l’on ne sait pas ce qui se passe réellement dans les classes ». Même les corps d’inspection ne le savent pas. Ils le savent encore moins depuis l’instauration non remise en cause du « pilotage par les résultats » qui les conduit à focaliser sur les résultats des évaluations (qui ne sont en fait que des contrôles), à rédiger des feuilles de route formelles (pseudos conseils et recommandations hors sol) et des « contrats unilatéraux de progrès » imposés aux enseignants par des « experts » qui ne savent pas faire l’école. Je l’ai souvent écrit dans mes livres et mes tribunes : le pilotage par les résultats des élèves est une aberration tant que l’on est incapable de qualifier, de caractériser clairement, d’identifier intelligemment, les pratiques qui les produisent.
C’est un problème fondamental, une condition sine qua non d’un changement possible, que ni la connaissance du passé – qui est une bonne chose, on devrait enseigner l’histoire de l’école dans tous les programmes de formation -, ni une refondation, encore moins si elle est ratée, ni même une révolution, ne pourraient garantir, tant on considère que les pratiques, les choix pédagogiques fondamentaux, ne peuvent jamais être remis en cause. Si les résultats sont faibles ou insuffisants ou toujours marqués par l’origine sociale, c’est la faute des élèves, des parents, des effectifs, de l’organisation du temps, des moyens matériels, etc. Les programmes, la didactique des disciplines, une conception de la liberté pédagogique, les contrôles hiérarchiques gomment depuis toujours l’impact des pratiques, et, dans le même temps, la place des finalités. Dans bien des milieux, se poser simplement la question est une folie !
L’activité réelle des élèves, le sens qu’ils leurs donnent, la mise en fonctionnement de leur intelligence selon les situations dans lesquelles ils sont placés, sont toujours occultés. Est-ce qu’ils parlent ? A qui ? Pourquoi ? Est-ce qu’ils posent des questions, classent, rangent, comparent, raisonnent, déduisent, induisent, supposent, vérifient des hypothèses, discutent, contestent, cherchent, rient, pleurent, s’ennuient, réinvestissent leurs savoirs et leurs compétences non scolaires ? Est-ce qu’ils vivent ? On ne sait pas.
Et au-delà, pourquoi les enseignants pratiquent-ils comme ils le font ? Quels sont leurs moteurs ? Quelles sont les raisons de leurs choix ? Peuvent-ils les exprimer, à qui ? Dialoguer sur la réalité de leurs pratiques ? Avec qui ?
Il est vain de faire leur procès, il est vain de vouloir balayer le passé, il est vain de prétendre changer l’école, tant que l’on ne s’interroge pas sur la réalité des activités des élèves à l’école… et ailleurs…
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - David.S
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13349
2017-02-16T12:03:57+01:00David.SLe FAIRE SEMBLANT - une Ecole pour le peuple …
Se répand comme une trainée de poudre en ce moment la pédagogie explicite…Elle viendrait du Canada, elle est donc géniale et novatrice comme on peut le lire « presque » partout...
En gros c’est un terme qui plait car on peut alors se...Le FAIRE SEMBLANT - une Ecole pour le peuple …
Se répand comme une trainée de poudre en ce moment la pédagogie explicite…Elle viendrait du Canada, elle est donc géniale et novatrice comme on peut le lire « presque » partout...
En gros c’est un terme qui plait car on peut alors se cacher du terme « transmissif ».
« Pédagogie transmissive ? Non, non je fais de la pédagogie EXPLICITE ! »
Voici un exemple parmi des milliers que l’on retrouve sur de nombreux sites. D’ailleurs cet exemple vient d’un blog d’une jeune enseignante où l’on voit dessous de nombreux commentaires qui s’émerveillent de cette pédagogie…
Cela me rend triste mais…
Voilà ce qui est dit de cette pédagogie (pathétique) :
- L'explication: c'est lorsque l'on transmet directement une information aux élèves ou que l'on explique comment faire quelque chose. Pour l'addition des décimaux, cela prendra cette forme : "Voilà comment il faut procéder pour additionner des nombres décimaux..."
- Le modelage : c'est lorsque l'enseignant exprime à voix haute sa propre réflexion et les étapes mentales qu'il effectue. Cette façon de procéder est particulièrement efficace en résolution de problèmes ou en lecture où les élèves ont besoin de connaître les étapes mentales réalisées par un "expert" afin de les reproduire.
Vu également : la pédagogie explicite : 1- Le modelage : « je fais » l’enseignant 2-la pratique guidée « nous faisons » les élève et l’enseignant 3-la pratique autonome « vous faites » les élèves.
Comment parler ensuite de situation problème ? Et de socio-constructivisme ?
Quand je m’adresse à des jeunes collègues sortant de formation. Ils n’y croient pas...ou ne veulent pas y croire car c’est « trop » exigent…
D’ailleurs « C’est à l‘enseignant de transmettre et non à l’élève de construire ses apprentissages » dira un politicienne très à droite ….
Cela n’étonne personne mais certains collègues sont capables d’étudier la seconde guerre mondiale en 1 seule séance ? A ce rythme, il va falloir renforcer les programmes ! « J’ai le programme à finir… » deviendra « J’ai fini le programme depuis longtemps, on nivelle le niveau par le bas » (je l’ai déjà entendu)
Au passage Eveline parlait il y a quelques temps déjà que ce terme « programme » ne convient pas du tout. Il faut programmer les ouvriers ! (d’ailleurs au canada, c’est pareil ! Voir vidéo plus bas)
Un chiffre quand même du canada) :
Le transmissif fonctionne pour 12% des élèves qui deviennent pour la plupart enseignants et qui vont reproduire ce principe pédagogique qui a fonctionné pour eux.
Trouvé sur cette vidéo qui fait vraiment écho avec de nombreux points dont on parle ici. www.youtube.com/watch?v=Q... (Pierre Poulin)
NB : Bizarre, au canada on connait le chiffre sur la pédagogie transmissive : fonctionne à 12% (ou ne fonctionne pas plutôt) Pourquoi n’avons-nous pas ce chiffre en France ?
Je ne parlerai pas de l’éducation « BIENVEILLANTE » dont on parle à tort et à travers dans notre département mais je rejoins tout à fait les propos de Pierre. C’est encore un moyen de cacher les vrais problèmes.
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Julos
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13348
2017-02-15T14:14:09+01:00Julos"N’oublions pas dans quel but l’école fut créée au XIXe siècle. La classe ouvrière n’a pas conquis l’école, ni créé la sienne. C’est l’école qui a « formé » les ouvriers." (Laurent Carle)
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Ce pertinent rappel de Laurent me donne envie de..."N’oublions pas dans quel but l’école fut créée au XIXe siècle. La classe ouvrière n’a pas conquis l’école, ni créé la sienne. C’est l’école qui a « formé » les ouvriers." (Laurent Carle)
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Ce pertinent rappel de Laurent me donne envie de recommander à nouveau l'excellent livre de Jean Foucambert "L'école de Jules Ferry, un mythe qui a la vie dure" (Ed. Retz 1986.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je leur suggère de se rendre sur le site de l'afl (lecture.org); ils pourront y lire un article de Monique Moret qui réactualisait en 2013 la réflexion de Foucambert à la lumière des évolutions récentes de L’École dans un article des AL n°122 (juin 2013) intitulé "L'école de Jules Ferry".
Deux extraits qui illustrent à la fois le propos d'Eveline et celui des autres commentateurs, dont Laurent bien sûr :
* une école POUR le peuple :
... « Lorsqu’on reprend dans leur ensemble les cinq grands principes pédagogiques de l’école de Jules Ferry : le par cœur, la discipline, le mérite, le faire-semblant, le synthétisme, on ne peut qu’admirer leur cohérence avec le projet politique qui les a mis en place. Cette école se sait et se veut une école de classe, une école pour le peuple et non une école du peuple, et chacune de ses attitudes converge vers ce but. [...] Les principes qui régissent le fonctionnement social ne permettent simplement pas de concevoir une autre pédagogie. » (J.Foucambert 1986)
* le faire-semblant :
« Ce qui va caractériser le mieux la pédagogie de l’école de Jules Ferry, c’est le choix délibéré d’inculquer certaines connaissances à travers la simulation plutôt que de donner la possibilité à l’élève de procéder à l’analyse du fonctionnement social qu’il expérimente çà travers ses propres actions. L’école sera donc un lieu où les élèves perdront en entrant leurs caractéristiques sociales.
D’où le rôle essentiel des manuels scolaires et de l’enseignement livresque : ils garantissent que l’élève ne sera qu’au contact d’une représentation de la réalité, représentation dont on n’aura retiré tout ce qui pourrait aller à l’encontre de l’image innocente de la société. »
« L’école ne produit rien. Car, ici, on ne travaille pas, on apprend. Et on apprend en dehors de toute production. On apprend pour savoir faire mais pas en faisant véritablement ; surtout pas en s’insérant dans le cycle d’une production confrontée aux exigences de destinataires authentiques. »
« On écrit pour apprendre à écrire... L’élève ne parle que pour dire à l’adulte ce que l’adulte sait mieux que lui ; le maître ne pose que des questions dont il connaît les réponses... L’élève va rencontrer des textes à propos desquels il ne se pose aucune question et dont il n’attend aucune réponse... On joue à la marchande... On joue à la dînette... » (J. F opus déjà cité)
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Laurent CARLE
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13347
2017-02-15T09:47:11+01:00Laurent CARLELes maitres sont les contremaitres de l’école
Entendue dans une maternelle, cette admonestation d’une « maitresse » à un petit de 4 ans qui pleure parce qu’il ne s’en sort pas avec le « travail » qu’elle lui a donné : « Tu n’aimes pas venir à l’école ? Moi non plus ! J’y...Les maitres sont les contremaitres de l’école
Entendue dans une maternelle, cette admonestation d’une « maitresse » à un petit de 4 ans qui pleure parce qu’il ne s’en sort pas avec le « travail » qu’elle lui a donné : « Tu n’aimes pas venir à l’école ? Moi non plus ! J’y viens quand même, alors tu fais pareil ! »
Et la déclaration de mon fils (4 ans), que je récupérai à 17 h 30 après la classe :
« Colin, qu’est-ce que tu préfères à l’école ?
- La garderie ! »
Sans commentaire.
En Section de moyens, sa « maitresse » m’en disait : « Il est gentil ». Il lui avait apporté un ouvrage avec photos sur le monde des animaux marins. Elle le posa sur son bureau, le remerciant poliment. Elle ne l’a jamais ouvert.
D’accord, le respect vaut mieux que la bienveillance. Et la bienveillance, mieux que la malveillance, la bientraitance, mieux que la maltraitance. En ce domaine, ce n’est pas la psychologie ou la pédagogie, c’est la sociologie professionnelle qui décide. Et une fois dans les murs, ce sont les traditions. N’oublions pas dans quel but l’école fut créée au XIXe siècle. La classe ouvrière n’a pas conquis l’école, ni créé la sienne. C’est l’école qui a « formé » les ouvriers. Maintenant, c’est elle qui détermine ce que sera la politique et le vote de la classe ouvrière dans vingt ans. Et aujourd’hui.
Vous me suivez ?
Le socle minimum pour faire le métier d’éducateur pédagogue en primaire et collège, pour éduquer les citoyens d’une république démocratique, est : aimer apprendre, chercher et enseigner, aimer lire, aimer le contact avec les enfants. Ce n’est pas sur ces critères que les enseignants sont recrutés en France. La politique en décide autrement. Faute de ces préférences professionnelles, on engage des « maitres et maitresses » qui deviennent, comme leurs collègues en place, des entraineurs-sélectionneurs qui n’ont d’autre projet que de faire gagner les meilleurs avec panache. « Il faut se battre » pour faire courir les autres, trop souvent « paresseux, préférant le jeu à l’étude au galop ». Quand le rôle majeur d’un « maitre » est « directeur de conscience », comment avoir de l’estime pour ces derniers ? D’après mon expérience et mes statistiques personnelles, un enseignant masculin français sur vingt est pédagogue. Moins d’un par école et encore moins dans les collèges. Dans le milieu enseignant féminin, je n’en trouve pas « autant ». On ne peut pas attendre de « maitres » et « maitresses » (majoritaires) qu’ils soient « respectueuses » de leurs assujettis. Alors, dans le contexte de l’école à la française, tant qu’on ne changera pas les critères de recrutement, les substantifs qui désignent ses éducateurs et leur formation professionnelle, « bienveillant et bientraitant », c’est mieux que malveillant et maltraitant. Ça me convient. Faute de grives…
Combien de lecteurs et lectrices de la profession, Éveline, apprécient et applaudissent tes billets et les commentaires des convaincus ?
Par leurs dérapages pédagogiques et psychologiques, certains et certaines, plus ignorants que méchants, manifestent leur mépris et, plutôt, leur indifférence sans bienveillance à l’égard de l’enfance, de la connaissance, de leur rôle dans la mission d’éducation. Cela ne condamne pas tous les autres. Mais cela met en cause le système scolaire dans son ensemble, abusivement nommé « système éducatif ». Quand la marmite bout trop fort, les gouvernements créent des « postes ». Ce qui ne change rien, ni les pratiques, ni les mentalités. Au contraire, « l’amélioration » des conditions de travail augmente les bavures. Quand on mettra six profs dans une école à cinq classes, on oubliera de leur apprendre la collaboration, le projet commun et l’esprit d’équipe dans l’intérêt général et celui de l’enfance scolarisée. On voit des « maitresses chevronnées » passer un mois solitaire dans un local inoccupé pendant le temps où les stagiaires prennent leurs classes en responsabilité. Avec le consentement tacite de l’IEN. Ce n’est pas demain qu’on travaillera en équipe. On ne se posera pas non plus la question de la parité dans les métiers d’éducation. L’école française ressemble à une basse-cour.
Tout le système foire.
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Eveline
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13345
2017-02-14T17:22:56+01:00EvelinePierre, je suis tellement d'accord avec toi que j'ai aussitôt remplacé ce terme de "bienveillance" par celui de "respect" dans mon texte ! Cela s'impose d'autant plus que, dans la phrase, c'est pour un petit bonhomme de 3 ans, dont on croit à tort que ce n'est pas de respect qu'il a besoin,...
Pierre, je suis tellement d'accord avec toi que j'ai aussitôt remplacé ce terme de "bienveillance" par celui de "respect" dans mon texte ! Cela s'impose d'autant plus que, dans la phrase, c'est pour un petit bonhomme de 3 ans, dont on croit à tort que ce n'est pas de respect qu'il a besoin, mais d'amour : ce dont on est bien d'accord, sauf que non seulement ce n'est pas incompatible, mais que c'est indissociable : peut-on aimer, si l'on ne respecte pas ?
Depuis des décennies, je répète à tous ceux qui déblatèrent sur le manque de respect des "jeunes d'aujourd'hui", que les jeunes — comme les non-jeunes — respecteront les adultes quand ceux-ci les respecteront. Car au jeu de qui doit commencer, ce sont évidemment les adultes qui gagnent le commencement : c'est à eux de donner l'exemple !
Et puis il y a dans "bienveillance", un relent de condescendance, quelque chose de charitable de la part d'un supérieur qui ne devrait rien à l'enfant ou à son subordonné. Tout ce que je déteste... Comment ne m'en suis-je pas rendu compte plus tôt ?
Merci Pierre !]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Julos
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13344
2017-02-14T16:12:22+01:00Julos<<Les enfants sont comme le ciment humide… Tout ce qui leur tombe dessus imprime une marque sur eux.>>
"C'est particulièrement vrai pour les blessures morales et les humiliations : même octogénaire, on s'en souvient avec la même douleur..."
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1966/1967....<<Les enfants sont comme le ciment humide… Tout ce qui leur tombe dessus imprime une marque sur eux.>>
"C'est particulièrement vrai pour les blessures morales et les humiliations : même octogénaire, on s'en souvient avec la même douleur..."
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1966/1967. Je suis normalien au Mans, en 1ère B. Aimant le sport depuis toujours, je suis un des meilleurs de ma classe. En athlétisme comme au volley-ball dont je suis le passeur et le capitaine de l'équipe normalienne. M. Georges Jean fut mon prof de Lettres en seconde. En fin d'année, il m'a conseillé de rééduquer le léger chuintement qui trouble ma prononciation des [s], des [j] et des [ch]. Cette année, ma mère a pris rendez-vous chez un phoniatre parisien. Ce sera un jeudi, jour sans classe mais journée sportive pour les scolaires.
Hélas, lorsque j'annonce à mes deux profs de gym que je serai absent pour le match de qualification prévu ce même jour, voilà qu'ils s'offusquent, se fâchent devant mon incompréhension, me menaçant d'heures de colle si je persiste ...
Je n'ai pas joué le match, je suis allé à mon rendez-vous, j'ai pris 2 heures de colle... et j'ai déchiré ma carte de licence sportive devant mes deux profs, ne leur adressant plus la parole pendant un bon mois. Le temps que la colère et le goût amer de l'injustice se dissipe.
Profs de gym ou non, ils étaient, en tant que formateurs de futurs enseignants, sensés être attentifs à la qualité d'humain des adolescents que nous étions. Au lieu de se demander s'il était important pour moi de me débarrasser d'un défaut de prononciation, ils ont préféré évaluer "le déficit" éventuel que ma défection pouvait provoquer dans l'équipe de volley-ball de l’École. Triste calcul. Bilan humain zéro. Comme si j'avais besoin de ça pour apprendre le goût amer de l'injustice et de l'humiliation.]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Pierre Frackowiak
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2017-02-14T14:13:15+01:00Pierre FrackowiakDésolé… Le mot bienveillance m’irrite au plus haut point. Les pontes de l’Education Nationale ont un talent extraordinaire pour imposer des mots nouveaux sans réduire les maux qu’ils évoquent. Mon irritation étant telle qu’elle peut conduire à la colère et à des cris insultants, je...Désolé… Le mot bienveillance m’irrite au plus haut point. Les pontes de l’Education Nationale ont un talent extraordinaire pour imposer des mots nouveaux sans réduire les maux qu’ils évoquent. Mon irritation étant telle qu’elle peut conduire à la colère et à des cris insultants, je me suis plongé dans l’étymologie – Eveline nous dira si je fais une erreur et si j’ai tort de m’emporter – et dans le dictionnaire de l’Académie Française. Pas de chance, la consultation a accru ma réaction épidermique.
L’Académie Française considère que « la bienveillance est une disposition favorable à quelqu’un, souvent d’un rang ou d’un âge moindre ». Et de donner des exemples : il a toujours été pour moi d’une extrême bienveillance ; des signes de bienveillance ; en appeler à la bienveillance du jury ; un geste de bienveillance… Alors, mon irritation devient détestation, appel à l’indignation. Halte à la condescendance, au gentil mépris, à l’expression d’un pouvoir, au règne des experts du haut de leurs estrades, à la domination des soumis…
La bienveillance n’a jamais empêché les humiliations dont on sait à quel point elles peuvent s’inscrire au plus profond des êtres. Elle peut même les aggraver !
Et si l’on parlait tout simplement de respect. En fait, le fonctionnement pyramidal hiérarchique autoritaire, vertical descendant, peut inviter à la bienveillance, mais il ne conduit pas au respect. Le respect, vous dis-je !
Encore faudrait-il que l’apprentissage du respect à tous les niveaux soit inscrit dans les programmes scolaires, bien au-dessus des contenus disciplinaires et de la didactique, dans les programmes de formation des enseignants, dans les pratiques démocratiques de la société.
NB Bien évidemment, mon cri ne s'adresse pas à frombee que je respecte, mais à la pyramide qui prétend refonder l'école sans traiter sérieusement le problème des humiliations des élèves, des parents, des enseignants eux-mêmes dans les jugements plus ou moins bienveillants qu'ils reçoivent ...
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - Jean Agnès
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13342
2017-02-13T18:57:40+01:00Jean AgnèsMerci pour ce billet riche de conséquences.
Et il est vrai que nous sommes loin d'avoir encore franchi l'époque d'une "nouvelle éducation nouvelle" que nous appellerions de nos vœux.
Je me rappelle ce texte de Fernando Savater :
"Mais qui éduquera les éducateurs...Merci pour ce billet riche de conséquences.
Et il est vrai que nous sommes loin d'avoir encore franchi l'époque d'une "nouvelle éducation nouvelle" que nous appellerions de nos vœux.
Je me rappelle ce texte de Fernando Savater :
"Mais qui éduquera les éducateurs eux‑mêmes ? Comment, nous qui sommes insuffisamment éduqués, pourrons nous bien éduquer, c'est‑à‑dire comment, nous qui n'avons pas encore entièrement échappé à notre ignorance, lutterons‑nous contre l'ignorance de demain ?" (Source : leportique.revues.org/282...
A chacun de "se remettre en cause" en permanence. C'est un principe de science, et de vie. La pédagogie est un art humble, et l'empathie nécessaire.
Cela dit, en effet, on apprend à tout âge, et je suis toujours étudiant. Et j'apprends de l'enfant.
JA
]]>Des élèves, ou des êtres humains ? - frambee
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2017/02/13/312-des-eleves-ou-des-enfants#c13341
2017-02-13T18:29:35+01:00frambeeTellement vrai que dans les derniers programmes officiels, il est écrit:"L'école maternelle est une école bienveillante, plus encore que les étapes ultérieures du parcours scolaire. Sa mission principale est de donner envie aux enfants d'aller à l'école pour apprendre, affirmer et...Tellement vrai que dans les derniers programmes officiels, il est écrit:"L'école maternelle est une école bienveillante, plus encore que les étapes ultérieures du parcours scolaire. Sa mission principale est de donner envie aux enfants d'aller à l'école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. Elle s'appuie sur un principe fondamental : tous les enfants sont capables d'apprendre et de progresser. En manifestant sa confiance à l'égard de chaque enfant, l'école maternelle l'engage à avoir confiance dans son propre pouvoir d'agir et de penser, dans sa capacité à apprendre et réussir sa scolarité et au-delà."
Tout est dit!