Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2021-06-20T17:40:53+02:00daily12021-06-20T17:40:53+02:00Enseigner la grammaire, un acte révolutionnaire ! - Eveline
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2021-06-20T17:40:53+02:00EvelineTu ne m'étonnes pas ! Hormis les quelques années où les programmes ont proposé de l'appeler "Observation réfléchie de la langue", ce qui a soulevé (y compris chez les collègues) ricanements et tollés, si bien que le gouvernement suivant est prudemment revenu à la grammaire précédente,...
Tu ne m'étonnes pas ! Hormis les quelques années où les programmes ont proposé de l'appeler "Observation réfléchie de la langue", ce qui a soulevé (y compris chez les collègues) ricanements et tollés, si bien que le gouvernement suivant est prudemment revenu à la grammaire précédente, la grammaire est depuis toujours celle de Lhomond de 1780, ce qui confirme bien le caractère politique de cette discipline...]]>Enseigner la grammaire, un acte révolutionnaire ! - David
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2021-06-20T11:29:40+02:00DavidMerci Eveline pour ces précisions.
Comme quoi j'ai encore beaucoup à apprendre !
Ne pourrais-tu pas refaire un livre sur la grammaire avec comme titre "Enseigner la grammaire autrement"
Cela m'aiderait bien !
Il faut bien le dire : quelle formation ai-je reçue sur l’enseignement...Merci Eveline pour ces précisions.
Comme quoi j'ai encore beaucoup à apprendre !
Ne pourrais-tu pas refaire un livre sur la grammaire avec comme titre "Enseigner la grammaire autrement"
Cela m'aiderait bien !
Il faut bien le dire : quelle formation ai-je reçue sur l’enseignement de la grammaire ? Quasi nulle...
]]>Enseigner la grammaire, un acte révolutionnaire ! - Eveline
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2021-06-20T10:15:48+02:00EvelineCher David,
Je réagis à ce commentaire fort intéressant, non pour te critiquer, mais parce qu'il présente un ou deux petits défauts, dont je te remercie, qui me donnent la possibilité d'apporter des précisions nécessaires à tous.
D'abord, ne dis pas que :"COD/COI/Attribut du sujet est...
Cher David,
Je réagis à ce commentaire fort intéressant, non pour te critiquer, mais parce qu'il présente un ou deux petits défauts, dont je te remercie, qui me donnent la possibilité d'apporter des précisions nécessaires à tous.
D'abord, ne dis pas que :"COD/COI/Attribut du sujet est une invention artificielle pour faire des accords ! Mais peut-on sans passer ?": ce ne sont pas des "inventions", mais des interprétations ridicules et inutilement compliquées.
Ces deux sigles, opaques comme il n'est pas permis, désignent ce qu'on doit nommer tout simplement, des compléments du verbe, munis ou non de crochets appelés "préposition". Et ils ne servent pas à "faire des accords", formule d'une absurdité dont je ne comprendrai jamais qu'elle puisse ne pas sauter aux yeux des collègues, mais à comprendre de quoi il s'agit dans l'histoire.
Je rappelle, mais cela a du mal à passer, que l'on ne fait pas de grammaire pour savoir comment ça va s'écrire ou quelle absurde étiquette je dois coller, mais pour comprendre comment l'agencement des mots du texte m'a permis de comprendre ce que j'ai compris, en le lisant avant.
La proposition de Wilmet est astucieuse, mais comme beaucoup de "trucs" mnémotechniques, qui abondent dans les pratiques, elle reste dans le contresens traditionnel sur ce qu'est la grammaire.
* D'abord, elle est faite pour permettre de répondre à une question scolaire de grammaire (donc sans grand intérêt !) et non pour comprendre comment ça marche et savoir réutiliser ce type de formule ;
* Ensuite, interrogeant le sens, elle confond une fois de plus grammaire et lecture ;
* Enfin elle oublie qu'un travail de grammaire, ou d'orthographe n'a pas pour objectif d'apprendre comment on écrit le participe passé, mais de savoir interpréter en lecture les marques que je vois.
Dans les exemples que tu cites, (et qui, entre parenthèses ont divers défauts fâcheux : ce sont des phrases inventées, dont on ne peut rien dire, le contexte étant absent et ces phrases ont des pronoms non référencés comme sujets : à éviter absolument !) la question à résoudre n'est pas comment il faut l'écrire, mais à quoi servent les marques que je vois...]]>Enseigner la grammaire, un acte révolutionnaire ! - David
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2021-06-19T22:11:52+02:00David**En tout domaine, maîtriser la théorie, c'est avoir un pouvoir que la pratique seule ne donne jamais...**
Un enseignant qui se construit uniquement sur sa propre expérience, certes cela peut fonctionner avec certains élèves mais pour combien ce sera un désastre ? Je vois tout à fait le...**En tout domaine, maîtriser la théorie, c'est avoir un pouvoir que la pratique seule ne donne jamais...**
Un enseignant qui se construit uniquement sur sa propre expérience, certes cela peut fonctionner avec certains élèves mais pour combien ce sera un désastre ? Je vois tout à fait le discours que l’on peut avoir avec les étudiants... « Oh tu sais, tu vas voir de la théorie en formation… De belle phrases, des phrases savantes etc. Mais ce n’est pas important… Ce qui compte c’est le terrain ! C’est là que tu vas devenir un vrai enseignant ! »
Discours, que tout enseignant novice adhère forcément car il n’a pas encore le recul nécessaire pour contester.
Sauf que sans Giasson, Charmeux, Tauveron, je continuerai à faire lire mes CM2 à voix haute, je leur donnerai des tas de questions sur les textes lus et je ne les amènerai toujours pas à réfléchir et à construire des compétences de lecteur efficace !
Catherine Tauveron écrit dans « Lire la littérature à l'école » : «On considère qu’un dispositif de présentation et de questionnement des textes est fertile quand, contrairement au dispositif des manuels, il invite à lire, quand il permet d’identifier et de résoudre un problème de compréhension, quand il favorise l’interaction du texte et de l’élève (c’est-à-dire permet à l’élève de rencontrer le texte et de le problématiser lui-même) et, bien entendu, l’interaction des élèves autour du texte.»
Mais je pourrais exactement dire la même chose en maths, sans les apports de Brousseau et Brissiaud, Charnay… Comment faire comprendre la proportionnalité sans passer par le puzzle de Brousseau ?
Et si on s’attarde sur l’épistémologie de la grammaire, elle arrive tardivement en effet, mais pourquoi ? Car au 12ème siècle avec l’invention de la grammaire, les penseurs de l’époque cherchaient un moyen d’expliquer notre langue à ceux qui ne la connaissaient pas et ils ont donc cherché à classer les mots en différentes catégories. Classement qui n’est pas encore tout à fait fini car des doutes subsistent sur certains mots voire certains le remettent en cause… Sans théorie, comment transmettre cela à nos élèves ? Leur faire vivre une situation de grammaire comme l’ont vécu les penseurs du 12è siècle n’est-ce pas plus motivant que de souligner exclusivement des COD et de COI dans une phrase ?
Leur dire, comment ferais-tu pour expliquer ta langue à quelqu’un qui ne la connait pas ? Ne leur permet-il pas de reprendre du pouvoir sur leur propre langue ? « Oui c’est vrai je parle en français mais comment s’est construite cette langue ? Elle vient d’où ? Et pourquoi avoir inventé la grammaire ? » se disent les élèves.
Et si on essayait de traduite le premier texte « français » : Le serment de Strasbourg :
« Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet, et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit. »
Certes pas simple au premier abord mais ce serment cache un secret ! C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été écrit : garder trace, c’est un serment ! Mais surtout pour ne pas être compris de tous ! Comprendre sa langue c’est donc prendre le pouvoir ! Et quand les enfants l’ont compris, ce ne sont plus les mêmes élèves. Quel plaisir, pour eux, de découvrir ce que cache ce premier texte français. Celui qu’il l'a écrit n’avait pas le choix, il a dû s’appuyer sur la seule langue qu’il connaissait : le latin.
N’est-ce pas cela l’épistémologie ? Les savoirs construits par l’Homme ont été construits au fur à mesure car il en avait besoin. Du coup, faire douter ses élèves, créer de l’inconnu, n’est-ce pas amener les élèves à s’approprier un nouveau concept car ils vont en avoir besoin ?
D’ailleurs COD/COI/Attribut du sujet est une invention artificielle pour faire des accords ! Mais peut-on sans passer ?
Oui avec la méthode Wilmet, pour les participes passés.
La voici :
Est-ce je sais QUI/ CE QUI EST ?
Il a rangé tous les jeux (Est-ce que je sais ce qui est « rangé » avant de l’écrire ? Non, donc pas d’accord)
Les jeux que j’ai rangés (Est-ce que je sais ce qui est « rangé » avant de l’écrire ? Oui, j’accorde avec jeux)
Et cela fonctionne pour presque tous les participes passés même pour les formes pronominales, ainsi le COD devient inutile :
Elle s’est lavé les mains ( Est-ce que je sais ce qui est « lavé » avant de l’écrire ? Non, donc pas d’accord)
Elle s’est lavée (Est-ce que je sais ce qui est « lavé » avant de l’écrire ? Oui, j’accorde avec Elle)
Alors pour ou contre les apports théoriques ?
]]>Enseigner la grammaire, un acte révolutionnaire ! - Pascal Bouchard
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2021-06-18T12:41:06+02:00Pascal BouchardOn peut concevoir la grammaire comme un ensemble de définitions qui permettent d'établir des règles qu'il faut connaître par coeur pour les appliquer. On peut aussi concevoir la grammaire comme une interrogation, comme la capacité à regarder fonctionner la langue, à se placer dans une...On peut concevoir la grammaire comme un ensemble de définitions qui permettent d'établir des règles qu'il faut connaître par coeur pour les appliquer. On peut aussi concevoir la grammaire comme une interrogation, comme la capacité à regarder fonctionner la langue, à se placer dans une position de surplomb. J'avais appelé mon premier livre sur l'enseignement de la grammaire "la grammaire à tâtons" (Casterman), le second "la grammaire est un jeu d'enfant" (Calmann-Lévy), le 3ème "Anti-manuel d'orthographe", trois échecs assez lamentables. L'idée que la grammaire soit autre chose qu'une entreprise de "docilisation" des esprits est tellement contraire au conditionnement général que tu décris très bien, qu'il est quasi impossible de faire entendre l'absurdité de ces définitions démarquées du latin, de ces règles qui sont si peu des règles qu'il leur faut des exceptions... Le comble a sans doute été atteint avec les nouvelles règles pour la simplification de l'orthographe, parfaites pour les mots composés ou les adjectifs de couleur, mais absurdes pour les circonflexes, ajoutant des règles aux règles, confortant une conception absurde de la grammaire.
Pascal Bouchard, journaliste, écrivain, agrégé de lettres]]>