Décidément, avec ce souci aberrant de revenir aux pires erreurs du passé, l'école a vraiment perdu la tête, et le bon sens !
Où les intégristes du langage ont-ils entendu que dans le mot "Brice", il y ait deux syllabes ???
Il n'est que d'écouter tout simplement les gens parler : même à Toulouse ou à Marseille, dans la phrase "Brice est bien parti", on n'entend qu'une seule syllabe pour le mot "Brice", alors qu'on en entend deux, dans "Brice n'est pas encore parti".
Si la prononciation varie ainsi pour un même sujet parlant, c'est qu'elle ne correspond pas à une règle absolue.
Quant aux Parisiens, même quand ils affirment : "Brice n'est pas encore parti", ils ne prononcent assurément qu'une seule syllable pour ce beau prénom : et ils en ont parfaitement le droit !! Dire le contraire serait un acte de racisme absurde et inadmissible.
Le rythme de la phrase parisienne est très différent de celle du Marseillais, ou du Québécois, et c'est un des charmes de l'oral que cette variété chatoyante, révélatrice de l'identité de chacun, et si précieuse... Critiquer, voire, persécuter comme je l'ai vu faire si souvent, les prononciations prétendument déviantes est, à coup sûr, la forme la plus perverse de la xénophobie.
Bravo l'école ici, pour ses efforts de formation morale à l'ouverture d'esprit et à l'amour des différences !

Mais il ya pire dans cette attitude, plus incompréhensible encore : c'est le déni de bon sens.
Cette histoire m'en rappelle une autre : naguère, j'étais dans un CP, où la maîtresse faisait travailler, du moins le croyait-elle, les mots contenant le son [a]. Les enfants étaient invités à citer des mots contenant ce son. Un petit bonhomme proposa "François". La maîtresse offusquée lui déclara tout net qu'ils disait une sottise. On n'entendit plus le petit bonhomme en question... qui avait pourtant parfaitement raison ! On entend bien [a] à la fin du mot "François"... Apparemment, pas la maîtresse !

J'ajouterais, pour finir que, même si Brice s'était trompé (ce qui n'est en rien le cas), ce n'est pas la mission de l'enseignant de le lui dire, et de lui laisser penser qu'il a commis une faute. La tâche de celui-ci, c'est de proposer des situations qui vont lui permettre de transformer cette erreur, vers une hypothèse plus "rentable".
Faut-il rappeler que, en matière de sciences, ce qu'on appelle une "vérité", n'est qu'une hypothèse qui "fonctionne" bien pour le moment, mais qui sera forcément remise en question un jour ou l'autre ? Ce qui est une erreur aujourd'hui est la vérité d'hier, et la vérité d'aujourd'hui sera l'erreur demain : c'est l'historie de la science telle que l'humanité l'a contruite depuis l'aube de son existence...

Alors, ici, on se pose des questions : comment une formation peut-elle à ce point fermer l'intelligence de personnes cultivées, au point de les empêcher de raisonner, voire, d'entendre ce qu'ils entendent ??
J'ai souvent évoqué le concept de "culture fermante", triste résultat d'une certaine conception de notre enseignement, celle-là même qu'on s'obstine à révérer aujourd'hui. On a formé des adultes souvent incapables de raisonner comme de repérer les dérapages de certaines argumentations ; on a formé des adultes incapables d'entrer dans des œuvres d'art ne correspondant pas à leurs habitudes ; on a formé des adultes incapables d'entendre ou de voir ce qu'il ya à entendre ou à voir...
Pas tous évidemment, mais beaucoup trop !
Et vous ne pensez pas qu'il faut que ça change ? Qu'il serait peut-être temps de mettre enfin les pendules à l'heure et que les pseudo-nouvelles directions proposées vont dans un bien mauvais sens ?
La rigueur de pensée n'est-elle pas un des objectifs majeurs de toute éducation?
Quel avenir pour nos enfants, et pour le monde de demain, si ce n'est pas le cas?

NB : Pour aller plus loin dans le débat, on peut consulter les articles suivants :
http://www.charmeux.fr/imposersyllabique.html
et
http://www.charmeux.fr/accentpiednoir.html