Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2008-12-24T18:03:43+01:00daily12008-12-24T18:03:43+01:00Tenter de faire le point sur la question de l'orthographe... - Laurent
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2008-12-24T18:03:43+01:00LaurentOn sait depuis plus d'un siècle que la maitrise de l'orthographe s'acquiert par la lecture active et la production d'écrits personnels ou de groupe en situation de communication vraie, lecture-écriture fonctionnelle comme dans la vraie vie, déscolarisée et démoralisée. On sait que la dictée...On sait depuis plus d'un siècle que la maitrise de l'orthographe s'acquiert par la lecture active et la production d'écrits personnels ou de groupe en situation de communication vraie, lecture-écriture fonctionnelle comme dans la vraie vie, déscolarisée et démoralisée. On sait que la dictée n’est pas une activité d’apprentissage de l’orthographe mais un moyen de séparer l’impur de la graine de vertu.
« La mise en jeu de l’orthographe fait partie intégrante de la production d’écrits, exactement comme la prononciation fait partie intégrante de la production orale. L’orthographe est inséparable de l’énonciation écrite. Si l’on vise sa maîtrise, c’est donc nécessairement à travers l’énonciation écrite qu’il faut l’envisager. Or, la dictée est doublement étrangère à l’énonciation : parole extérieure, élaborée par quelqu’un d’autre, elle est reçue passivement, et à travers une oralisation du dicteur, laquelle n’a rien à voir avec la prononciation mentale qui accompagne l’énonciation. Pire, cette oralisation extérieure se substitue à la prononciation mentale et la bloque complètement — ou, tout au moins, la fausse gravement. » E. Charmeux, La dictée, in Enseigner le français avec E.Charmeux
C’est en forgeant… On sait que la dictée ne change rien aux habitudes graphiques personnelles, bonnes ou « fautives ». Elle n’est qu’un simili examen, l’entrainement de préparation à une épreuve sportive qui, sauf celle de Pivot, a disparu, un exercice de bachotage et le rituel persistant du rite d’admission selon une liturgie traditionnelle qui se maintient envers et contre toute logique pédagogique. Pourquoi ? C. Charbonnel nous le rappelle avec l’auto-indulgence du pécheur non repenti, elle procure toujours, de génération en génération, un plaisir intense et renouvelé au maitre « dictateur ». Comment échapper à cette passion qui a commencé à dévorer le cœur du maitre bien avant qu’il entre dans le métier ? Bien sûr, on peut rechercher des gratifications professionnelles ailleurs, mais il faut chercher, au sens scientifique, alors que la dictée est là, dans le manuel, si conforme à la tradition, si proche et disponible. Efficace van scolaire pour séparer les impuretés du bon grain ! Dans cette quête du bonheur magistral, en fournissant un arsenal de pièges à potache, les bizarreries orthographiques se marient bien avec la dictée. Si les exceptions, irrégularités, particularités, bizarreries et absurdités disparaissaient, le plaisir de dicter s’affadirait. Gardons-les !]]>Tenter de faire le point sur la question de l'orthographe... - c.charbonnel
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2008-12-17T11:16:45+01:00c.charbonnelQue de débats, que de fureur, autour d'un exercice pourtant simple et bien anodin: la dictée! Pourquoi pas, alors, les mêmes emportements pour les exercices d'anglais? ceux de mathématiques? Que je sache, on pose bien des "énigmes" de toutes sortes, aux élèves, à la fois pour les...Que de débats, que de fureur, autour d'un exercice pourtant simple et bien anodin: la dictée! Pourquoi pas, alors, les mêmes emportements pour les exercices d'anglais? ceux de mathématiques? Que je sache, on pose bien des "énigmes" de toutes sortes, aux élèves, à la fois pour les mettre en situation de recherche, puis, bien sûr, pour qu'ils soient évalués.
En fin de compte, je crois qu'on mêle deux choses: la dictée en tant que simple entraînement de l'écrit, avec ce que cela suppose de lenteur, de réflexion sur son écrit, et, pourquoi pas, de fréquentation, pendant quelques minutes, d'un beau texte, et, d'autre part, la charge affective, fantasmatique que l'on attribue à cet exercice.
Certes, la dictée a prévalu pendant fort longtemps comme moyen de discrimination scolaire ET sociale. Mais enfin, qui peut croire encore à un prétendu terrorisme de la dictée? Elle est pour la plupart d'entre nous (je parle ici des professeurs du secondaire), un exercice parmi bien d'autres, qui sert aussi à évaluer les élèves, mais pas plus que telle "rédaction".
Tout dépend au fond de l'attitude de l'enseignant. Evidemment qu'il a existé des professeurs notant en dessous de zéro... Evidemment que la FAUTE peut être stigmatisante. Mais pas plus pour la dictée que pour telle ou telle autre matière. Que de profs d'EPS j'ai connus, qui notaient une simple performance, sans tenir compte de l'effort, de la variabilité physiologique des élèves!
Enetendons-nous bien, je ne fais pas ici l'apologie d'un âge d'or du Maître seul détenteur de LA vérité, et donc fondé à s'emporter contre les fautes d'orthographe des élèves. Je dis simplement: pourquoi toutes ces invectives pour cela et pas les mêmes pour toutes les autres matières enseignées et évaluées, et il faut voir comment parfois! Je pourrais vous en conter de sévères, autour d'un foie gras...(pardon, je m'égare).
Pour en finir avec ce serpent de mer qu'est encore et encore la dictée prétendument inutile et porteuse de règles effrayantes, une bonne dictée, évaluée avec des consignes claires au début, avec un corpus de mots dont les élèves savent à l'avance qu'ils ont des chances de les rencontrer dans le texte, et, parfois, la bonne dictée classique, évaluée avec des points en moins, sont un merveilleux outil pédagogique et un bon thermomètre de progrès de l'écrit, avec, en prime, un bel exercice de concentration et d'écoute.
J'en reviens à mes propos d'il y a quelque temps sur ce même blog: tout est question du regard de l'enseignant, de sa parole, de son souci non pas de trier les élèves, mais de les confronter à la difficulté nécessaire et progressive de l'écrit, en différenciant par exemple un "appercevoir" certes offensant pour le regard du lettré, d'un "les arbrent ont étaient planté..." autrement plus préoccupant.]]>Tenter de faire le point sur la question de l'orthographe... - Laurent
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2008-12-17T09:22:39+01:00Laurent« En fait, on ne peut guère légiférer en matière de langue !!.
Même les sages « tolérances orthographiques » sont joyeusement oubliées… Que dire alors des décrets autoritaires !
Si l’on réfléchit un peu, on s’aperçoit que ce serait plutôt la mentalité des correcteurs...« En fait, on ne peut guère légiférer en matière de langue !!.
Même les sages « tolérances orthographiques » sont joyeusement oubliées… Que dire alors des décrets autoritaires !
Si l’on réfléchit un peu, on s’aperçoit que ce serait plutôt la mentalité des correcteurs d’examens et concours — sans oublier pas mal de collègues du primaire et du secondaire, voire du supérieur ! — qu’il faudrait réformer : bien des problèmes diminueraient s’ils utilisaient précisément les tolérances prévues ! Ces tolérances, on pourrait du reste les réactualiser… Mais à titre de tolérances seulement. Nombreux sont ceux qui sont allergiques aux ukases, et ils ont raison. »
Aujourd’hui comme depuis toujours, la dictée est présentée officiellement à l’élève et à ses parents tout à la fois comme outil d’acquisition de l’orthographe et procédé de contrôle de son niveau. Herbe magique du guérisseur servant à la fois de thermomètre et d’antibiotique ! Les gardiens du temple nous le répètent assez souvent afin que nous en restions persuadés, si, d’aventure, nous n’avions pas fait suffisamment de dictées pendant notre enfance pour en être convaincus. En fait, elle est destinée à provoquer les fautes d’orthographe et à en faire le décompte. Michel Foucault disait que les diplômes sont faits non pour ceux qui en ont mais pour les autres. De même, la dictée est faite non pour ceux qui ont de l’orthographe, mais pour ceux qui n’en ont pas, pour leur rappeler semaine après semaine leur infériorité sociale et linguistique, l’une « justifiant » l’autre. Exemple parfait d’abus didactique qui consiste à mettre l’élève en échec pour lui enfoncer dans le crâne la honte de sa condition… et son incompétence orthographique ! Sans les exceptions, irrégularités, particularités, bizarreries et absurdités de l’orthographe académique, la dictée perdrait sa capacité de nuisance et son pouvoir d’humiliation. On la pratiquerait moins joyeusement.
« Les tolérances orthographiques sont joyeusement oubliées… ».
Oui, mais les règles orthographiques et leurs nombreuses exceptions sont-elles faciles à respecter et ne sont-elles pas autant oubliées que les tolérances ? Ces règles et ces exceptions ont-elles été adoptées à la majorité d’une voix au moins ou décidées par Bled et la minorité qui « ukase » la langue ?
D’accord pour ne pas imposer les « réformes », qui, jusqu’à présent, furent bien timides et sitôt oubliées, donc sans effet sur l’amélioration de la communication écrite populaire. Cependant, les « rectifications » envisagées ne furent-elles pas proposées justement pour assouplir la rigidité des « règles » et de leurs exceptions ? Ces « exceptions » s’imposent aussi autoritairement et arbitrairement que les règles elles-mêmes, quel paradoxe !
« Je t’ordonne de désobéir à la règle ! ... Que vois-je ? ? Tu as obéi à la règle à laquelle je t’avais dit de désobéir !! Je t’enlève un point pour désobéissance à la contre-règle, ou pour docilité à la règle, c’est pareil. Tu n’as toujours rien compris. Combien de fois faudra-t-il te répéter que les verbes commençant par ap prennent 2 p… sauf les exceptions ? Et puis, sers-toi de ton intelligence, réfléchis, écoute bien le bruit des lettres, écris ce que tu entends ! Quand je dicte APPARAÎTRE je fais deux p, quand c’est APITOYER je n’en fais qu’un. Si tu es un peu attentif, dans CONNEXION tu entends x et non le ridicule "ct" des Anglais.»
Quel "x" ? Celui de CONNEXION ne sonne pas comme celui de EXIGENCE mais comme exception qui «s’excégèse». Le potache soumis à la dictée est dans la même situation que le chien de Pavlov entre cercle et ellipse : il est artificiellement plongé dans une névrose scolaire d’orthographe. A chaque erreur, il mérite une décharge électrique. Apprentissage par renforcement négatif chèrement payé ! Résultat : 80% des Français, allergiques ou non, ne respectent pas l’orthographe. Orthographe ou aristographe ?
Ces règles « orthographiques » et ces graphies « d’usage », que nous avons chèrement acquises (ou conquises) à l’école autrefois, que l’on continue d’enseigner et d’imposer aujourd’hui, les a-t-on adoptées après consultation populaire ou décidé par décret ?
A la lecture des blogs populaires, il semblerait que la langue résiste aux règles mieux encore qu’aux réformettes et qu’elle se moque des décrets pondus par l’Académie depuis Richelieu.
Illustration :
« Notre éducation nationale, déjà ce nom est un nom abusif, ce sont les parents qui devraient éduquer et les enseignants enseigner, ors aucun des deux ne prends son devoir au sérieux , est la plus cher d'Europe par élève et une des moins performantes…
La femme du president veux etre publique, je n'y vois rien de mal. Et la marque n a rien marquee d'offancant… » ]]>Tenter de faire le point sur la question de l'orthographe... - Laurent CARLE
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2008-12-14T09:39:03+01:00Laurent CARLE"La majorité des élèves appartient aux profils visuels"
Et quand bien même la majorité serait auditive ou olfactive !!! L’écrit reste un média visuel et non audio-visuel. Personne n'écoute la radio avec ses yeux. Pour écouter de la musique, la majorité visuelle ne peut pas..."La majorité des élèves appartient aux profils visuels"
Et quand bien même la majorité serait auditive ou olfactive !!! L’écrit reste un média visuel et non audio-visuel. Personne n'écoute la radio avec ses yeux. Pour écouter de la musique, la majorité visuelle ne peut pas faire autrement que de se servir de son audition, même si cette audition s’accompagne chez elle d’évocations visuelles. Comment peut-on lire et écrire avec ses oreilles ?
]]>Tenter de faire le point sur la question de l'orthographe... - c.charbonnel
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2008-12-13T09:20:07+01:00c.charbonnelUn petit jeu, pour rire, avec les élèves, quel que soit leur âge par ailleurs: on écrit, en majuscules d'imprimerie, au tableau, et en grand format (env 20cm de hauteur, ou plus), un nom très connu. Pour ma part, je le fais avec "MIDI LIBRE". Je précise que je fais cela seul ou...Un petit jeu, pour rire, avec les élèves, quel que soit leur âge par ailleurs: on écrit, en majuscules d'imprimerie, au tableau, et en grand format (env 20cm de hauteur, ou plus), un nom très connu. Pour ma part, je le fais avec "MIDI LIBRE". Je précise que je fais cela seul ou caché des regards des élèves. Puis j'efface la base des 2 mots, jusqu'à la moitié, et même plus, de ceux-ci. Restent des morceaux de mots, fragmentés. Et pourtant, miracle digne de Lourdes, on "VOIT" le titre en question. Suivant le mot écrit (Sarkozy, par ex), on peut en effacer pas mal, on arrive parfois à lire en-deçà de 40% du mot restant!
Alors oui, c'est on ne peut plus visuel, l'orthographe, avec une perception de type "flash". Et pour en terminer avec mon billet de l'avant dernier fil, si on retient plus facilement l'orthographe des mots complexes, c'est que justement on a accompli un effort de concentration pour s'appropier le mot.
Le tout étant au bout du compte de mettre l'élève (l'apprenant en général), en position d'avoir envie d'accomplir cet effort. Et il est vrai que rien, en l'état actuel de notre société, ne se prête à une telle envie. J'ai toujours considéré, quand j'enseignais en collège, que c'était de mon ressort de susciter cette envie. En lycée, il me semble (mais j'ai honte de penser cela), qu'il est en grande partie trop tard pour s'appropier les règles orthographiques, celles-ci devant relever, en tout cas pour l'orthographe lexicale, du réflexe et non de la réflexion, un peu comme quand on conduit...
Merci de m'avoir lu. C.C.]]>