Une question me vient.
Faut-il discuter :
1 technique de transmission par enseignement (méthode de lecture) sans préalable,
2 ou missions de l'école, attributions et prérogatives préalablement à tout débat technique (que la plupart confondent avec une polémique théorique et inversement) ?
Ces gens se demandent comment réussir la passation des savoirs, question de professionnels de l'enseignement qui souhaitent bien faire le métier, purement théorique !
La psychologie de l'enseignant est centrée sur soi. Ce qui est bon pour l'enseignant est forcément bon pour l'enfant ! Et ils trouvent dans l'offre commerciale des "outils" didactiques dont ils ne flairent pas les sous-entendus philosophiques. Pour cause, leurs auteurs eux-mêmes ne sont pas au clair avec la pensée pédagogique. Elle ne les effleure même pas.
Ils ne se demandent pas comment on apprend.
Ils pourraient concevoir des moyens de locomotion inutilisables dans le réseau routier national sans en percevoir l'inadaptation. Du moment que ça tient debout et que ça roule ! Ils construiraient un pont sur la mer Rouge pour relier deux déserts. Pour eux l'essentiel réside dans la didactique magistrale, l'enfant est secondaire, accessoire, comme la finalité. Il s'agit de faire suivre au potache le parcours théorique élaboré par des esprits savants. Si la réponse savante précède toujours la question qu'un bon prof ne pense même pas pensable, — la réponse n'a donc pas de précédent, au commencement était le cours — c'est que "sans le maître l'enfant ne chercherait pas à savoir". "Il n'y a pas de pulsion épistémophilique innée et mise en route par le milieu." L'écologie n'a pas sa place dans la pensée techno-scientifique. Tout le destin de l'enfance est entre les mains des enseignants. L'enseignement n'a pas de fin. C'est une fin en soi. "Si l'école et ses vigiles n'existaient pas, on n'apprendrait plus."


Pour moi, quand j'entends et je lis toutes ces affirmations méprisantes pour les élèves, ramenés à l'état de récipients destinés à recevoir des choses toutes faites, ces propos de Laurent Carle me remettent les pendules à l'heure.
Comment peut-on défendre une conception si lamentable du métier d'enseignant?
Ils n'ont donc pas d'enfants, ces gens-là ?
Même sans avoir fait d'études infinies en psychologie des petits, ils n'ont donc jamais vu comment ça fonctionne, l'apprentissage ? Qu'il s'agisse du langage, ou de l'équilibre, ils ne se sont jamais aperçu que les progrès des enfants sont le résultat d'une construction personnelle, provoquée par l'action de ceux qui les entourent, bien sûr, mais jamais de façon passive.
Ce que l'on a reçu — et il est vrai que l'on doit toujours ce que l'on sait à d'autres — n'est à nous que si nous l'avons digéré, reformulé à notre sauce, et si nous nous sommes transformés dans et par cette digestion.
En plus, il ne faut pas oublier que de tout ce qui nous a été donné par ces autres, une toute petite partie seulement a été reçue par nous : celle qui correspondait à ce que nous savions déjà.
"On ne construit que sur du donné", dit Philippe Meirieu. Et cette affirmation est même une des lois de la communication générale, pas seulement pédagogique : si je dis à quelqu'un une chose qui n'a rien de commun avec ce qu'il sait déjà, il n'entendra même pas ce que je dis.
Comment dès lors oser défendre le fait d'enseigner la lecture ou n'importe quoi d'autre, en partant de ce que l'enseignant a décidé de placer au commencement ? C'est indéfendable !!
De fait, en dehors de moqueries plus ou moins grossières, je n'ai encore jamais trouvé d'arguments susceptibles de démontrer cela.
Qualifier mon raisonnement de "pourave", prouve seulement que Toto a lu "Pilote" (donc qu'il n'est pas tout jeune, ce qui rend ses propos encore plus... discutables !), mais ne répond en rien et n'apporte rien au débat.

Tout ça est bien inquiétant : moqueries, insultes, c'est la violence d'aujourd'hui. Où est passée l'éducation ?