Eveline,
Pour ceux qui t'agressent, à leurs yeux, l'enseignement n'a pas de secret. Tout est clair !
Tu cherches la petite bête !
Je suis sûr que si tu reconnaissais tes erreurs et si tu leur demandais de t'initier à leur pédagogie moderne, vous deviendriez les meilleurs amis du monde scolaire. Ils ont envie de te faire partager leurs sentiments d'appartenance à la grande famille des enseignants, prêtres sans soutane, descendants des pères jésuites et ils pensent qu'ils y parviendront.
Sauf que s'ils y parvenaient, ils te mépriseraient.

Ils ne sont pas en recherche. Ils ne te posent pas de question. S'ils s'en posaient, ils commenceraient par lire la totalité du site.
Ils souhaitent seulement te provoquer, comme des ados face à leurs parents.
Leur problématique relève autant de la psychanalyse que de l'idéologie. Adultes installés dans leur fauteuil en position de pouvoir, mais à la psychologie infantile ! -Le toto insulte sa mère-
Ils croient représenter une certaine idée de l'école. Ils défendent seulement la position et la posture magistrales supérieures, dénuées d'humilité, qu'ils ont prises en entrant dans la profession, ainsi que l'idéologie dominante qui pense pour eux et à laquelle ils se soumettent sans condition, parce qu'elle leur attribue le pouvoir du suzerain sur ses vassaux.
Ce n'est pas certain qu'ils n'éprouvent pas un sentiment d'imposture, que tu réveilles peut-être douloureusement sans le savoir. Gros malentendu !

Ils croient que tu évolues dans tes idées depuis ta naissance, comme eux. Ils ignorent que tu connais bien leurs opinions pour les avoir reçues en héritage pendant l'enfance, comme Jean-Pierre Dubreuil, comme moi, comme tout le monde. Ils ignorent que tu as dû t'en défaire pour aller chercher une à une celles qui ne se présentent pas toutes cuites sous les sabots des ânes (apprendre, c'est bien renoncer à ce qu'on croyait savoir, n'est-ce-pas ?).
Se défaire pour faire autrement, pour penser autrement n'est pas confortable. Mieux vaut refaire ce qui se fait déjà. Aucun risque. Pour se mettre en recherche, il faudrait que leur position devienne très inconfortable. Cette condition relève exclusivement d'une décision politique de l'état-employeur.
Donc, ce n'est pas pour demain. Ils défilent pancartés dans les manifs contre leur ministre et ils exercent leur métier en concordance parfaite avec l'idéologie dominante, celle du ministre. Pendant le défilé, ils se persuadent en criant très fort qu'ils luttent pour l'école, alors qu'ils défendent seulement leurs acquis.

Ce qui m'inquiète beaucoup c'est qu'ils occupent le terrain des idées (au sens militaire). L'occupation des lieux de discussion, d'échanges et de recherche entrave la liberté de parole et d'opinion.
Ceux qui se posent de vraies questions et qui cherchent des réponses ne risquent pas de s'exprimer et ne se risquent pas à le faire là où l'occupant parade en pays conquis.
Ils ont la trouille de se faire étiqueter pédagogistes. C'est affolant d'être minoritaire !
C'est enivrant d'afficher la certitude des imbéciles ! Si on leur montrait la lune, ils regarderaient le doigt.

Voilà ! Conclusion : tenter d'ouvrir l'esprit des abrutis est une gageure improbable ! D'une part, ils sont trop nombreux, d'autre part ils bénéficient du soutien de la presse collaboratrice où leur propagande se déchaîne. Enfin une différence pour croiser nos idées ! Nous ne pouvons pas rester d'accord sur tout. Mieux vaut un différend dans la stratégie à mettre en oeuvre face à l'adversaire qu'une divergence dans les idées.