Refondation de l'école : c'est le pédagogique qui est urgent.
Par Eveline, mercredi 13 février 2013 à 09:15 :: Education, Ecole et Pédagogie :: #216 :: rss
Ce qui fatigue l'enfant, d'abord et avant tout, c'est l'échec. Ce dont il a besoin plus que tout, c'est d'une pédagogie qui l'aide à focaliser son attention, qui lui propose des contenus de savoirs mobilisateurs, qui l'accompagne dans son travail pour qu'il en améliore sans cesse la qualité, qui valorise ses réussites et lui permette d'accéder, grâce à des médiations adaptées, aux grandes œuvres de notre culture.
Merci à Philippe Meirieu, pour son article dans le Monde d'hier, merci au Café Pédagogique de le communiquer à ceux qui ne sont pas abonnés à ce journal, et merci à Pierre Frakowiak, qui, depuis des mois secoue inlassablement la sonnette d'alarme, devant le silence incroyable du gouvernement sur les véritables urgences d'une refondation de l'école. Il faut encore et toujours rappeler ce qui manque tellement sur les banderoles des manifs, la revendication du pédagogique dans la refondation de l'école.
Merci à Philippe Meirieu, pour son article dans le Monde d'hier, merci au Café Pédagogique de le communiquer à ceux qui ne sont pas abonnés à ce journal, et merci à Pierre Frakowiak, qui, depuis des mois secoue inlassablement la sonnette d'alarme, devant le silence incroyable du gouvernement sur les véritables urgences d'une refondation de l'école. Il faut encore et toujours rappeler ce qui manque tellement sur les banderoles des manifs, la revendication du pédagogique dans la refondation de l'école.
Voici ce que rappelait Pierre, il y un mois :
(http://www.meirieu.com/FORUM/fracko_refonder.pdf) :
On a parfois l’impression que tout est fait pour que ça rate. La frénésie de textes ne peut rien y changer, au contraire. Tachant de rattraper le retard pris dans la communication au peuple et aux enseignants, on sort un projet de décret par jour alors que les fondations n’ont pas été reconstruites sur un modèle nouveau.
Il aurait pourtant été facile d’annoncer la suspension des programmes de 2008 qui ont été imposés brutalement, sans la moindre concertation, avec un autoritarisme débridé, et de donner une grande liberté aux enseignants pour reprendre ceux de 2002, pour expérimenter de nouvelles approches du savoir et en rendre compte, pour expérimenter. Il aurait été facile de suspendre les évaluations stupides et de faire confiance aux enseignants...
Comment expliquer que ce ne soit pas ces propos-là qui se scandent dans les défilés ? Les ignobles calomnies déversées depuis dix ans et plus contre la pédagogie, ceux qui l'ont construite et ceux qui la défendent, ont-elles à ce point contaminé nos dirigeants et endormi nos collègues, au point de les rendre étrangers à leur propre métier, incapables de repérer les priorités évidentes ?
Bien plus que l'organisation des semaines, c'est celle des journées qui importe, ce qu'on met dedans et pourquoi on l'y met. Une autre manière de travailler, une autre manière de penser le travail, une autre manière d'accueillir les enfants, un autre regard sur leurs erreurs.
La première de toutes les priorités, c'est d'abroger les programmes 2008, dont quasiment chaque mot est une insulte à quarante ans de travaux sur la psychologie des apprentissages et celle des enfants, sur le fonctionnement de la langue, sur l'origine des difficultés des élèves. Des programmes où l'on cherche vainement les verbes "comprendre", "réfléchir", "débattre", "créer" ; des programmes où chaque élève est isolé, culpabilisé, sanctionné ; des programmes ignorants et incompétents, truffés d'erreurs et de confusions, des programmes où l'on évalue au lieu d'apprendre, des programmes où le savoir se vérifie par la récitation de règles ; bref, des programmes de conditionnement et non d'apprentissage, dont le but est de dociliser les élèves, à la fois par la pauvreté et l'inefficacité des contenus enseignés et par une prétendue autorité fondée sur la peur des sanctions. Les fameuses évaluations nationales, parfaitement aberrantes, tant par leur organisation que leurs présupposés et scandaleuses par leurs finalités évidentes en sont une éclatante confirmation.
Ensuite, en attendant que de nouveaux textes paraissent, dûment discutés et surtout, comme ce fut le cas avec le texte dit "plan Rouchette" dans les années 60, expérimentés avant d'être officialisés (1) — et dans un grand nombre de classes ; non dans quelque laboratoire bien artificiel, incompatible avec une recherche pédagogique —, en attendant aussi que soit organisée une réelle formation continuée indispensable, il faudrait :
* libérer les enseignants de tous ces carcans, programmes et autres injonctions,
* donner ouvertement et officiellement, la parole aux mouvements pédagogiques, et ouvrir l'accès à leurs publications pour les faire connaître,
* ouvrir, dans les écoles, la voie d'une dynamique de lectures et de débats autour des expériences relatées dans ces publications.
* rendre possibles un travail d'expérimentations accompagnées, — et pas seulement "d'innovations" : il ne s'agit pas d'ouvrir la voie à je ne sais quelles nouveautés plus ou moins originales, plus ou moins "numériques", style "Planète des Alphas" et autres billevesées de la même eau.
Ce n'est pas le "nouveau" qui importe, c'est le "rigoureux", en cohérence avec TOUTES les données de la recherche fondamentale qui concernent l'école, sans se limiter aux neurosciences.
Rien de tout ceci ne coûterait cher, ni en temps, ni en argent, ni en organisation. Il suffirait d'un peu de bonne volonté.
Le terrible constat de Pierre : "On a parfois l'impression que tout est fait pour que ça rate" doit nous secouer et nous réveiller.
Pour l'école, pour l'avenir de nos enfants, le VRAI changement, c'est là, et c'est tout de suite.
(1) Précisons, pour ceux qui l'auraient oublié, que le texte intitulé "Plan Rouchette" devait devenir texte officiel, destiné à remplacer les IO de 1938. C'est l'IG Rouchette lui-même qui a demandé à ce que le texte produit par sa commission soit expérimenté avant d'être officialisé, demande largement soutenue (conseillée ?) par Louis Legrand. Cette expérimentation, menée sous la direction d'Hélène Romian, avec le concours des chercheurs de l'époque, provoqua de profondes modifications du texte initial, qui aboutirent au "Plan de Rénovation de l'Enseignement du français à l'école élémentaire", sorti en 1969. Celui-ci, après avoir été approuvé à la fois par la commission Pierre Emmanuel et peut-être par le ministre de l'époque, Olivier Guichard (qui paya de son poste cette possible approbation), subit le veto de Monsieur Pompidou, récent successeur de feu le Général, et disparut dans les oubliettes du Pouvoir...
Où l'on voit qu'une démocratie a du mal à en être une de façon permanente...
Nous étions nombreux à espérer que la demande, fondamentalement démocratique, de l'IG Rouchette serait un précédent renouvelable à l'avenir... Il n'en fut rien jusqu'ici... Mais après tout, la mémoire, ça existe, non ?
Commentaires
1. Le vendredi 15 février 2013 à 11:25, par Didier Chauvin
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