Commençons donc, nous aussi, par redire ce qui, apparemment, n'a toujours pas été entendu en haut : ces propositions ne sont pas seulement une régression, elles reposent sur des erreurs, dénoncées depuis bien longtemps.

Pour ce qui est des études, surveillées — ou dirigées (c'est selon : le second pourrait être moins pire), Alain Chevarin sur le site de Question de Classe, rappelle opportunément quelques informations :
1- il cite d'abord, les textes officiels au sujet des devoirs à la maison, qui les déconseillent ouvertement et en précisent le contenu : À la sortie de l’école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou des leçons à apprendre (1).
2- il rappelle ensuite que cette proposition d'études surveillées avait été faite par l'UMP sur ce sujet, en 2007 : ellesi prévoyaient des "études dirigées", après la classe, "pour les familles qui le souhaitent".
3- Il cite enfin les propos du Ministre, répondant à ceux qui voient dans le travail à la maison, un risque d'accroître les inégalités sociales entre enfants : « Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu’ils ne sont pas faits pour être faits à la maison, mais plutôt dans l’établissement ».

Outre qu'il est tout de même légèrement inquiétant de voir un Ministre de l'Éducation évacuer avec tant de désinvolture un texte officiel, toujours inscrit sur le site du gouvernement, les modalités de cette proposition sont tout aussi inquiétantes, car le travail de "direction" de ces activités devrait être confié à des bénévoles, retraités ou jeunes du service civique !
On reste ébahi par de tels propos, surtout venant d'un Ministre.

Évidemment que c'est en classe que les enfants doivent travailler !
Mais pas APRÈS la classe : c'est PENDANT, qu'ils doivent le faire.

Il faudrait peut-être se décider à ouvrir les yeux et prendre conscience qu'une pratique qui consiste à expliquer des règles, et autres théorèmes, pour demander aux enfants de travailler sur ces cours le soir à la maison, où rien n'est prévu pour cela, est une pratique qui marche sur la tête.
Les devoirs à la maison n'ont aucune signification pédagogique : ils sont un surcroît inutile et dangereux de stress, pour les enfants, comme pour leur famille, avec le risque de créer des tensions à la maison, des reproches, voire des punitions, sans la moindre utilité pour la consolidation des savoirs.

Quant à confier la direction de ces devoirs (qui allongent, en plus, la journée de travail en classe) à d'autres, que l'enseignant qui les a proposés, c'est de l'aberration pure et simple : de deux choses l'une,
* ou bien cet autre est un enseignant (à la retraite ou en heures supplémentaires), qui n'a pas vécu le cours, ni entendu ce qu'a dit le professeur, qui a, en revanche, ses propres habitudes, évidemment différentes, — et l'on devine que son aide, surtout pour un enfant d'école primaire, va surtout le déstabiliser et lui rendre les choses plus difficiles ;
* ou bien ce n'est pas un enseignant, ses souvenirs d'élève sont donc flous, il n'a pas la moindre connaissance de ce qu'est un enfant de cet âge, ni de la manière dont il peut apprendre — et sa présence, loin d'être une aide, peut devenir catastrophique pour l'enfant.

En classe, les enfants ont à travailler, observer, manipuler, découvrir, raisonner et réfléchir sur ce qu'ils font, poser des questions à l'enseignant, écouter ce qu'il répond, écrire ce qu'ils ont appris et l'archiver.

Le soir à la maison, ils ont à vivre ensemble, dans leur famille qui ne les a pas vus de toute la journée, toutes sortes de moments nécessaires, indispensables même à l'équilibre de chacun, de communication ludique et affective, sereines, dont les privent ces inutiles devoirs du soir.

Pour ce qui est du redoublement, qui repose sur un présupposé d'une logique largement discutable, selon laquelle il faut recommencer, quand ça n'a pas marché, il faut rappeler que jamais, recommencer n'a amélioré quelque projet que ce soit, si on ne modifie pas la manière d'aborder le projet.
C'est, du reste, pour éviter ce recommencement imbécile, confondant apprentissage et dressage, que le travail par cycles a été instauré : l'année est une durée beaucoup trop courte pour que tous les enfants d'une classe atteignent en même temps des objectifs communs, car on le sait depuis longtemps, les progrès des enfants (pas plus que ceux des adultes !) ne se font de manière régulière. Ils se produisent par des "sauts", que tous les parents ont observés sur leurs bébés, lors de périodes d'avancées rapides, imprévisibles tant en dates qu'en durées, entrecoupées de moments de repos et même de régression, absolument nécessaires pour pouvoir repartir en avant.
Si l'on prend l'année pour évaluer les progrès des élèves, ce sont ceux qui ont eu la chance que l'évaluation tombe pour eux dans un moment positif qui auront les "bons" résultats. Les autres sont sacrifiés.
C'est une des nombreuses injustices de l'école.
En se donnant trois années pour atteindre des objectifs, même s'ils sont beaucoup plus ambitieux, on a beaucoup plus de chances de permettre à tous d'arriver à bon port — à condition :
1- qu'on ne prévoie aucun "barrage" intermédiaires, ce qui détruit complètement l'intérêt du cycle,
2- qu'on procède seulement à des évaluations formatives destinées à faire le point, et à réajuster le travail qui reste à faire pour permettre à tous d'atteindre le but fixé.

Tout ceci a été démontré depuis quarante ans : il serait bon que les instances supérieures se mettent un peu au courant, et qu'on cesse de repartir perpétuellement de zéro, en procédant à de pseudo études d'opinions, d'intérêt très mineur, sans jamais se servir des travaux précédents.
Philippe Meirieu dit souvent, dans ses conférences, que l'école promène les enfants dans un tunnel tout noir avec une torche qui n'éclaire que l'endroit où l'on est, oubliant ce qui a précédé et ignorant ce qui va arriver.
La société aussi fait comme ça, qui réinvente l'eau chaude périodiquement...
Pas sûr que ce soit un moyen d'avancer, ni pour les enfants, ni pour l'école.

(1)http://www.education.gouv.fr/cid50506/les-parents-a-l-ecole.html#Devoirs