Rien n'empêche évidemment de commencer par en rire : cela détend et nettoie l'esprit pour réfléchir.



En réalité, même s'il est particulièrement savoureux, à côté de tout ce qui l'a précédé depuis trois ans, ce dessin n'est finalement que navrant, tristement symbolique du n'importe quoi, qui sévit en haut lieu.
Ce qui l'a précédé, en revanche, les injonctions, les interdits, les brochures blessantes, les explications détaillées sur la manière de conduire sa classe, les contrôles périodiques, et, cerise sur le gâteau, juste avant l'apothéose du cafouillage de rentrée, l'organisation minutieuse et les explications détaillées sur le comportement que devaient avoir les enseignants avec leurs élèves, après les terrible événements des vacances, tout cela est inacceptable. C'est un mépris inconcevable et pour leur personne, leurs compétences et pour la culture qu'ils contribuent à diffuser.

J'ai naguère proposé sur ce blog un billet invitant mes collègues à "reprendre la main". C'était sur l'évaluation, qui, en classe, ne peut appartenir qu'au "maître d'école", comme dit Sylvain Grandserre : les évaluations extérieures n'ayant de sens qu'en toute fin de parcours, pour certifier, non point que l'élève a des savoirs, mais qu'il SAIT SE SERVIR DE CEUX-CI, en situations diverses, le rendant capable d'exercer une profession ou de se lancer dans un nouveau cycle d'études.
C'est commettre un contresens grossier que de croire que des évaluations extérieures peuvent apporter la moindre information, durant les apprentissages, et faire autre chose que mettre en danger les élèves, surtout s'ils sont jeunes.
Un professionnel de l'enseignement peut-il avoir à obéir à un ordre reposant sur un contresens ?

Or, depuis son arrivée, l'équipe ministérielle et le gouvernement tout entier, multiplient les contresens, les incohérences — comme fermer les petits commerces où les gens entrent un par un, en laissant ouverts les grands bazars où s'entassent les clients — et les consignes, ordonnées, puis ratatinées à deux fois rien, qui ont été données sur l'organisation et les contenus de la rentrée, en sont de nouveaux exemples.
Et sur l'école, c'est catastrophique. Non ! La tâche d'un ministre n'est pas, et ne sera jamais — sauf dans une dictature — de dire aux professionnels formés qu'il dirige, comment ils doivent travailler.
Les consignes qu'on attend de lui, ne peuvent être, outre les contenus d'enseignement et les objectifs à atteindre, que des consignes administratives, et matérielles. Mais la manière de s'y prendre pour les atteindre ne le concerne pas.
En démocratie, c'est aux formateurs, qu'elle incombe, et même, seulement en situation de formation, initiale ou continuée.
Lorsque le diplôme final est obtenu, l'enseignant est maître de sa classe et n'a de comptes à rendre que sur son comportement à l'école et sur les résultats de ses élèves — à la fin des cycles d'apprentissage et jamais avant.

D'autre part, c'est singulièrement manquer de connaissances en psychologie élémentaire, que de croire qu'on aide quelqu'un en lui donnant des explications et des consignes qu'il n'a pas sollicitées : une telle aide est, en général, reçue (légitimement) comme une insulte. Expliquer à des enseignants, dont c'est le métier, comment il faut s'adresser à des enfants après des drames, c'est une maladresse de débutant, une marque de mépris insupportable.
Et, même en supposant que certains collègue peuvent effectivement se sentir en difficulté pour affronter une telle situation, ce n'est certainement pas à un ministre d'apporter ce type d'aide !
En revanche, il serait de son ressort, de veiller à ce que cette aide soit apportée — si elle est demandée — dans de bonnes conditions par des personnes compétentes...

Contresens et incohérences donc sur toute la ligne, au point qu'on se demande si les uns et les autres ne sont pas parfaitement conscient(e)s et même voulu(e)s...
Cette main prise, qui dépossède ceux à qui elle appartient légitimement, ça ne rappelle pas quelque chose ?
Une école de la confiance qui ne fait pas confiance à ses enseignants, ça devient quoi ?