Ce qui manque ? Les élèves, pardi !

Mais, d'abord, et pour être juste, il faut commencer par dire ce qui est nouveau et positif. Pour la première fois, semble-t-il le regard évaluateur se propose d'éviter les habituelles mauvaises directions, si souvent prises dans ce genre de recherches : cette fois, les questions posées confirment le souci évident d'aborder le problème par le côté positif :

Comment utiliser au mieux l’évaluation pour faire progresser tous les élèves ?
Comment mettre en place une évaluation qui favorise des échanges entre parents et enseignants ?
Comment limiter la comparaison entre élèves au profit d’une attention portée aux acquis de chacun ?
Comment limiter les effets de l’évaluation sur les inégalités entre élèves selon leur genre, leur classe sociale ou leurs besoins éducatifs ?
Et comment une évaluation destinée à mieux accompagner les élèves peut-elle prendre en compte les contraintes professionnelles des enseignants et le cadre institutionnel ?


Tout ceci est pétri de bonne volonté et d'intentions louables... Sauf qu'il manque... l'essentiel, c'est-à-dire, les élèves.
On croirait lire le credo des nouveaux éleveurs de mouton ou de porcs, présenté à la télévision ce midi !
C'est exagéré ? A peine : en tout cas, les élèves y sont aussi absents, que les moutons dans le projet des éleveurs.

Faut-il rappeler que nos élèves, même petits, sont des humains comme nous ? Qu'ils sont nos égaux en droit et qu'ils savent chacun, mieux que personne, ce dont ils ont besoin ? Ceux qui n'ont pas oublié ce qu'ils pensaient à l'âge de leurs élèves, en sont convaincus.
Surtout, personne ne devrait oublier qu'on n'évalue pas un être humain dans son dos : ce n'est pas de bonne compagnie et ça ne se fait pas.
Quand il s'agit d'êtres humains, une évaluation ne peut être autre chose qu'une évaluation participative,, où évaluateurs et évalués travaillent ensemble sur le but à atteindre. Car, contrairement à l'idée répandue, ceux qui savent le mieux où en sont les élèves, ce sont les élèves eux-mêmes. Si bien qu'il est aberrant et bien peu sympathique de ne pas les y associer.
On le voit : la conférence dite "de consensus" porte bien mal son nom, puisque le consensus en question est tout entier extérieur aux intéressés... Qu'est-ce qu'un "consensus" quand les premiers concernés en sont exclus ? Le CNESCO devrait revoir la définition de ce beau mot...

Quand comprendra-t-on enfin que prendre des décisions pour les élèves, quel qu'en soit l'objet, sans les associer à ce travail, est une erreur gravissime, une marque de mépris, une blessure, une infantilisation, incompatible avec la mission de l'école, qui ne peut que nuire à chacun des acteurs de cette aventure ?
Quand trouvera-t-on, enfin, dans le groupe de réflexion du CNESCO, des élèves, et leurs enseignants, dûment délégués par élections, en nombre égal à celui des membres du "Centre national d'étude des systèmes scolaires" (CNESCO), puisqu'ils sont concernés au premier chef par les décisions à prendre ?

Si l'on n'était pas convaincu que l'école est encore très loin d'être "démocratique", la preuve est là, lumineuse, incontestable.
OUI, il y a là, dans l'école, et sur son fonctionnement, une montagne d'idées préconçues, et d'habitudes sans rapport aucun avec la démocratie, qu'il n'est pas facile de faire bouger...
Quand on revient à la question posée en titre de ce billet, l'évaluation est peut-être un moyen de mieux reprendre et poursuivre l'apprentissage, mais sûrement pas sous la forme floue que nous présente le CNESCO...
Copie à revoir !!