On peut trouver le credo de cette nouvelle secte sur le lien suivant :

http://www.ecriture-inclusive.fr/

Avec "les trois conventions simples pour cesser d'invisibiliser les femmes" (Inattendu : vous aviez remarqué que les femmes étaient invisibles ?)

1- Accorder en genre les noms de fonctions, métiers grades et titres.
Exemples : "présidente", "directrice","chroniqueuse", "professeure", "intervenante", etc.

2- User du féminin et du masculin, par la double flexion, l'épicène ou le point milieu.
Exemples : "elles et ils font", "les membres", "les candidat·e·s à la Présidence de la République", etc.

3- Ne plus mettre de majuscule de prestige à "Homme"
Exemple : "droits humains" ou "droits de la personne humaine" plutôt que "droits de l'Homme"

Il est difficile de faire plus ridicule.
Le pire étant l'histoire de la majuscule au mot "homme", laquelle, de toute évidence, n'a jamais été là pour vanter la supériorité de l'homme sur la femme (je connais quelques hommes qui, ici, doivent penser in petto "quoique..."), mais tout simplement une différence de sens du MOT, à savoir le sens générique, ("être humain"), pour le distinguer du sens habituel "homme vs femme".
La cause profonde de toutes ces sottises, c'est l'ignorance où sont leurs auteurs des données élémentaires de ce qu'est une langue, et des analyses que mènent sur ce sujet, depuis Louis Ferdinand de Saussure jusqu'à aujourd'hui, les générations de linguistes du monde entier qui se sont succédé. Tels, les enfants en bas âge, ils en sont encore à croire que les mots ressemblent à ce qu'ils veulent dire, et que le fonctionnement grammatical et orthographique de ces derniers aurait à voir avec les réalités auxquelles ils renvoient.
Mais non, bien sûr !! Les mots ne renvoient pas au réel, mais à l'idée qu'en a celui qui les utilise : ils désignent, non les choses et les gens, mais leur "référent", c'est-à-dire, le concept qui les représente, et qui n'est jamais "ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre", comme dit le poète.
Entre le réel et la langue, il y a les sujets parlants. L'oubli de ce fait entraîne toutes sortes de contresens.

Il faut savoir, par exemple, que le genre n'a pas été créé pour traduire une différence de sexe : le genre, (comme le nombre du reste) n'est qu'un type de différence de FONCTIONNEMENT des mots, avec un déterminant différent, entraînant des accords spécifiques. La langue les utilise pour clarifier certaines différence de sens : le tour et la tour, le voile et la voile, (qui ne sont pourtant unis par aucun lien de mariage), et bien sûr, AUSSI des différences de sexe, parfois soutenues par une différence orthographique : un ami ; une amie. Mais là encore, c'est loin d'être une "règle" et surtout, c'est le référent qui est lié au mot, pas la chose !
Vous noterez au passage, que les organes sexuels ont des noms, de genre opposé à ce que leur sens laisserait attendre : les organes masculins ont des noms féminin, et les même organes féminins ont des noms masculins... Comme quoi !!

Quant aux fonctions, titres et grades, la revendication féministe de les féminiser est tout à fait contradictoire avec le but visé : féminiser ces noms-là, cela signifie que le métier ou la fonction ne serait pas les mêmes, selon que c'est un homme ou une femme qui les exerce... Désolée !! Mais être professeur, médecin ou technicien de surface, reste le même travail avec une femme et avec un homme. Ici le mot ne désigne pas la PERSONNE mais la FONCTION. Et justement, lui laisser le même mot, dans les deux cas, c'est, au contraire, affirmer l'égalité absolue de l'homme et de la femme sur ce point.
Personnellement j'ai toujours tenu à bien spécifier que j'étais LE PROFESSEUR DE FRANÇAIS de l'établissement, au même titre que mes deux collègues masculins.

Que dire alors des mots féminins qui désignent des hommes : lorsqu'on affirme que le Président est UNE personnalité importante, met-on en doute sa virilité pour autant ? Et faudrait-il masculiniser la sentinelle qui monte la garde et l'ordonnance du Général ?
A propos de général, justement, le féminin existe, mais avec un sens très précis, celui de "épouse du général". Ce n'est en rien le titre d'une femme qui a obtenu les galons correspondants. Les mots n'ont pas attendu les inventeurs de l'écriture inclusive pour exister, et avoir un sens... Or, ils résistent aux modifications imposées.

Il est temps de rappeler la base de ce débat absurde : la notion d'arbitraire du signe linguistique, et les apports de Louis Ferdinand de Saussure.
Même si les générations de linguistes, qui ont suivi ce dernier, l'ont amendée, contestée, peaufinée, précisée, cette notion reste une condition absolue de la communication. La logique des sujets parlants étant infiniment variable et diverse, aucun signe défini logiquement, ne permettrait de communiquer : il doit être à la fois extérieur à toute logique, et objet d'une convention nécessaire. Bien avant Saussure, Pascal l'affirmait déjà dans ses Pensées.

Il n'y a aucune logique à ce que la couleur rouge soit choisie pour signifier l'obligation de s'arrêter. De même,il y a très peu de logique à ce qu'un pot de fleurs, posé ou retiré de la fenêtre, puisse signifier que, le mari étant absent, l'amant peut sans danger arriver entre 5 et 7. Pourtant, une fois convenu, c'est un message très clair... ll vaut mieux toutefois qu'il ne change pas trop : la communication pourrait devenir difficile, et l'on imagine le bazar, si la couleur des feux de croisement changeait périodiquement !
Entre deux personnes, il est certes possible de modifier les règles du jeu ; dans un petit groupe aussi. C'est pourquoi, tant que l'écriture a été le fait d'un petit nombre de privilégiés, elle a pu être modifiée ou bloquée par des initiatives privées, comme celles de Robert Estienne ou Malherbe ; mais quand il devient "de masse" un système de communication a absolument besoin de stabilité.
Les seules modifications possibles sont celles de l'évolution normale et naturelle de toute chose vivante, elle-même régulée par un Maître, tout puissant, l'Usage social, qui gère tout et seul, y compris les "modes" qui se succèdent, les argots, les inventions verbales, lesquelles en constituent la partie turbulente et vivante, restant toujours peu ou prou sous son autorité, très loin des initiatives privées.
Pas plus qu'on ne peut décider de modifier la prononciation d'une langue, qui en est l'image sonore (elle se modifie toute seule avec l'Usage), on ne peut, en dehors de ce que l'évolution NORMALE provoque, sous l'influence d'événements, gérés, eux aussi, par l'Usage, modifier, de manière privée, l'écriture des mots... Elle en est l'image visuelle, en quelque sorte, le visage.

Tout ceci relève bien d'un embrouillamini d'ignorances et de prétentions infantiles, qui, sans avoir jamais lu une ligne de linguistique, se déclarent compétentes pour légiférer en matière de langue écrite, oubliant que celle-ci n'est régie que par cet unique maître, l'Usage, sur lequel toute initiative privée se casse les dents inévitablement.

Et puis, avouez que les droits de la femme méritent autre chose, comme défense, que ces enfantillages...